Freunde der Deutsch-Französischen Brigade
Amis de la Brigade Franco-Allemande e.V.

LES CHIENS DE TRAÎNEAUX

L’hiver 1914/1915 est l’un des plus rigoureux de ce début du 20ème siècle : la neige atteint parfois 2 m ! La situation des soldats en 1ère ligne est catastrophique : il est impossible de les ravitailler en nourriture et en munitions.
Le capitaine Louis MOUFFLET du 62ème B.C.A. et le lieutenant René HAAS qui, avant la guerre, vivaient en Alaska, proposent alors au commandement de l’armée des Vosges d’utiliser des chiens de traîneaux. Ces chiens présentent l’avantage d’être insensibles au froid et se nourrissent facilement.
Après plusieurs démarches, ils réussissent à convaincre le Haut Commandement : ils obtiennent un budget du général de MAUD’HUY pour partir en Amérique du Nord et y acheter 400 chiens et une quarantaine de traîneaux. La mission est entourée du plus grand secret, les espions allemands étant très nombreux.
Le lieutenant HAAS demande son soutien au musher Scotty ALLAN (l’homme qui murmurait aux oreilles des chiens) afin de réunir chiens de tête, traîneaux et harnais.
Aux États-Unis, le capitaine MOUFFLET essuie le refus de toutes les compagnies américaines d’assurer un transport militaire français, au nom de la neutralité prônée par le président WILSON.
Pendant ce temps, à l’ouest de MONTRÉAL, Scotty ALLAN a commencé la tournée des villages esquimaux dans la plus grande discrétion et, lorsque le lieutenant HAAS le rejoint à NOME en ALASKA, les chiens et l’équipement sont prêts pour le voyage vers la France.
La première étape de NOME vers SEATTLE, par voie maritime, dure 9 jours sans incident. Ils doivent maintenant rallier par train QUÉBEC, à 5.000 km, trajet au cours duquel ils doivent déjouer plusieurs tentatives d’empoisonnement et d’assassinat, organisées par les espions allemands.
Le 27 octobre 1915, 436 chiens sont réunis à QUÉBEC, les harnais confectionnés, 70 traîneaux construits, ainsi que 100 tonnes de biscuits préparées : cela constitue la plus grande meute de chiens jamais réunie au monde.
Ils embarquent à QUÉBEC sur un vieux rafiot, le POMÉRANIEN, affrontent pendant 15 jours les tempêtes et les sous-marins ennemis et accostent enfin au HAVRE, le 5 décembre 1915.
Début décembre, 80 chasseurs alpins et soldats issus du Train des équipages se sont rendus au HAVRE pour accueillir les chiens, suivre les entraînements avec les attelages et former les premières sections d‘équipages de chiens d’Alaska (SECA). En arrivant sur le front des Vosges, le 15 décembre 1915, les chiens et leurs nouveaux maîtres sont repartis en 2 sections :

  • la 1ère section sous le commandement du lieutenant HAAS s’installe à la ferme du TANET près de la route des crêtes,
  • la seconde section sous le commandement du lieutenant HERODIER s’établit à la ferme du HAHNENBRUNEN, non loin du BREITFIRST.

Un attelage bien constitué peut remplacer 6 mulets. Pendant la période des grands froids, quand toutes les communications sont interrompues, quand les fantassins sont bloqués dans leurs tranchées, les artilleurs dans leurs abris de batterie, les attelages canins leur apportent sur leurs traîneaux les denrées indispensables : des vivres, du charbon de bois, des vêtements chauds et des munitions. Ils assurent également le transport des officiers généraux et chefs d’état-major qui n’ont pas d’autre moyen pour se rendre dans les lignes.
Les chiens redoublent d’ardeur entre novembre 1916 et mai 1917.
Baptisé NEW ALASKA, le camp du TANET reçoit la visite de nombreux généraux, du roi d’Italie et du président POINCARE. Même le Tigre Georges CLEMENCEAU fait le détour pour voir les fameuses sections de l’ALASKA, le 10 février 1918.

CAPACITÉ DE TRANSPORT D’ÉQUIPAGE
Chaque équipe peut transporter 300 à 400 kg à chaque voyage, à une vitesse moyenne de 8 km/h. Elle peut faire environ 40 km par jour et, en cas de besoin, jusqu’à 70 km. Autant que faire se peut, on aménage les pistes pour le passage des traîneaux mais les attelages se contentent de peu et se révèlent toujours capables de progresser.
On rapporte qu’une mission de 120 km a été réalisée en une journée avec 9 chiens attelés à un traîneau chargé de 300 kg , avec 3 hommes en armes et munitions.
Un attelage de 9 chiens aurait transporté 22.530 kg sur 1.350 km. Pour remplir cette mission, 200 mulets auraient été nécessaires.
50 chiens meurent dans les combats aux cotés des chasseurs alpins.
3 chiens ont été décorés de la Croix de guerre.
A la fin des hostilités, 200 chiens survivants sont confiés aux soldats avec qui ils ont vécu la guerre.
Il reste toujours dans notre région des descendants des valeureux Malamutes de Scotty ALLAN !

Source : « La Véritable Histoire des Poilus d’Ala